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Le 16 décembre 2021

Pauline. Voyage de rêve en pleine pandémie

C’est cette fois-ci à Habitat Jeunes Béthanie (Lille), que le journaliste Pierre Duquesne a été en juin à la rencontre de résidents pour animer des ateliers d’écriture et recueillir leurs témoignages.

Nous vous invitons à découvrir le texte de Pauline.

Pauline a vécu le premier confinement à Busan, en Corée-du-Sud, contrainte de séjourner au pays du matin calme plus longtemps que prévu. Cette jeune employée commerciale est bien placée pour dire qu’en France, « on a vraiment mal géré ».

Je m’appelle Pauline, je suis employée commerciale. J’ai 21 ans. Je suis de nature timide et une grande fan d’Asie depuis toujours. Il y a un an et demi, j’ai eu la folle idée de rejoindre mon copain, qui est coréen, pour rester auprès de lui pendant un an, faire un point sur ma vie et découvrir mon nouveau pays de cœur : la Corée du Sud.

J’y suis allée en février 2019. A peine revenue, un an plus tard, j’y suis retournée. C’est assez dur de rester éloigné quand on est en couple. Ce voyage devait durer, initialement, trois mois. Problème : avec la pandémie, la France a dû fermer ses frontières, ce qui m’a contraintde  rester deux mois de plus que prévu.

A ce moment-là, je me suis dit : « La France a vraiment mal géré la situation.» En Corée, rien n’était laissé au hasard. Quand j’allais au cinéma, un employé prenait la température, thermomètre à la main, de chaque personne qui entrait dans la salle. Même chose dans les parcs d’attractions et autres lieux publics.  Dans la rue, il était impossible de voir une personne sans masque, même au début de la pandémie. Le respect des règles et des personnes possèdant un statut plus important est profondément ancré dans la culture coréenne. Il y a la peur, aussi. J’ai pu constater cette peur quand mon petit ami m’a dit : « Je veux bien poursuivre mes études en France, mais c’est trop dangereux pour le faire.» En ville, il y avait aussi beaucoup moins de monde que d’habitude. Et pourtant, c’était le début de la pandémie. Nous avions peu de certitude sur le virus. Tous les lieux de divertissement étaient fermés, à Busan, la « deuxième capitale » de Corée du sud, qui compte 3,4 millions d’habitants et des rues habituellement très animées.

Au pays du matin calme, le gouvernement s’est investi dans la gestion de la pandémie de façon beaucoup plus réfléchie. Quatorze jours de quarantaine obligatoire ont été mis en place pour toutes personnes venant d’arriver dans ce pays, même sans symptôme. Une application mobile nous rappelait de prendre notre température constamment. Si on ne le faisait pas, on recevait une notification. Une deuxième application était faite pour tracer les cas positifs, enregistrer les lieux et les jours de leurs déplacements. Là-bas, j’ai vu passer de nombreuses vidéos sur ce qu’il se passait en France. On y voyait des groupes de personnes dans un parc sans masque, et un homme s’exclamant : « ça va on est jeunes, on ne risque rien.» D’autres déclaraient sur les réseaux sociaux : « Ah, c’est juste une grippe ça va passer.» « Irresponsables ! », ai-je pensé.

Et puis enfin le 11 juillet 2020, j’ai pu rentrer. Les frontières ont rouvert. J’étais fatiguée. J’avais la boule au ventre à cause de la situation sanitaire pas très claire. Aux passages des contrôles de sécurité, à l’aéroport Charles-de-Gaulle, il y avait une grande affiche placardée sur une vitre, annonçant « prise de température obligatoire ». Mais il n’y avait personne à côté. En Corée, une grosse machine remplissait cette tâche de façon automatique. Ce genre de choses me font dire qu’en France, on a vraiment mal géré et on a pris les choses à la légère. Maintenant, j’économise. Je voudrais repartir pour Busan. Mais cette fois-ci, c’est la Corée qui a fermé ses frontières en raison du trop grand nombre de cas en France. Ma vie est décidément grippée. Le coronavirus ne me lâche plus.

Pauline