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Le 14 octobre 2021

Tewen, le bénévolat m’a permis de trouver ma voix

C’est cette fois-ci à Habitat Jeunes Béthanie (Lille), que le journaliste Pierre Duquesne a été en juin à la rencontre de résidents pour animer des ateliers d’écriture et recueillir leurs témoignages.

Nous vous invitons à découvrir le texte de Tewen.

Il a fallu quitter Lens, aller vivre dans une caravane en Bretagne et tomber sur une association installée dans une forêt pour que Thomas reprenne pied. La découverte du bénévolat, intégrer un collectif et l’organisation de festivals ont permis à ce jeune, fragilisé par le deuil précoce de sa mère, de trouver sa vocation et de gagner de la confiance en soi. Mais « le Covid a tout cassé »…

La tribu de Tachenn, c’est ma famille bretonne !  Au départ, la tribu, c’est un groupe de six personnes qui ont acheté un bout de forêt à Lannion, dans les Côtes d’Armor. Peu à peu, c’est devenu une association ayant pour mission d’intégrer les jeunes dans le monde professionnel et de leur faire découvrir les métiers du cirque, de l’animation, de l’ébénisterie et de tout un tas d’activités nécessaires pour faire vivre ce lieu. Elle aide aussi les jeunes à payer leur permis en échange d’heures bénévoles.

La tribu, pour moi, cela fut surtout une source de rencontres. Grâce à elle, j’ai pu me créer mon réseau d’amis en Bretagne et me guider dans cette région où je venais d’arriver et où je ne connaissais pratiquement personne.

Ma mère venait de décéder. J’avais 18 ans. J’avais besoin de faire un break, de partir ailleurs que chez moi pour faire le deuil. Je suis parti de Lens pour rejoindre un ami qui avait une caravane en Bretagne. C’est comme ça que j’ai atterri à Lannion.

La mission locale m’a parlé de cette asso, où j’ai été bénévole pendant deux ans. Au début, je faisais simplement de l’entretien du terrain, du rangement de bois. Ensuite, j’ai vite évolué et ils m’ont donné des missions avec plus de responsabilités : découpe du bois, tronçonnage, rangement et livraison du bois.

J’ai aussi participé à de nombreux événements dont le plus marquant était “Regards croisés dans mon quartier », une fête organisée dans un quartier résidentiel des Fontaines et au sein d’un EHPAD. Nous avons aussi aidé le cirque Galapiat à y animer des ateliers de cirque. L’installation du chapiteau, des différents stands, l’accueil du public, l’organisation des ateliers ou la réalisation d’un film sur cet événement m’ont aidé, à devenir plus sociable, à enlever ma timidité. J’ai aussi vu Luccio à l’œuvre. Avenant et accueillant, cet artiste a créé son spectacle avec les habitants. En voyant ce qu’il faisait, ça m’a donné envie de devenir animateur à mon tour.

Un mois après cet événement j’ai été bénévole à Gare au gorille. Un autre festival de cirque, d’une durée d’une semaine pendant le quelle j’ai monté des chapiteaux, et où, fort de l’expérience accumulé avec la tribu, j’ai moi-même été chargé de piloter l’emploi du temps des différents bénévoles. J’ai accueilli et guidé les spectateurs, organisé des concerts chaque soir et participé à l’initiation au cirque. J’ai fait la rencontre de Solenn et Tino, mes deux meilleurs amis bretons…

Le Covid a un peu tout cassé. Regards croisés, prévu en juillet 2020, a été annulé. Nous avions déjà loué le terrain de la mairie, le chapiteau, et nous avions prévu le programme. Cela a percuté mon projet professionnel et m’a stoppé net dans mon avancée vers le métier de l’animation. Je devais, à ce moment-là, accumuler plus d’expérience et passer le Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport, le BPJEPS. Le tribu de Tachen était d’accord pour financer cette formation au lieu de me payer le permis. C’est tombé à l’eau. Les festivals reprennent petit à petit, mais cela reste encore difficile…

Pendant le premier confinement, j’étais dans un Foyer de jeunes travailleurs, à Lannion. Je ne faisais pas grand-chose. Vu qu’on était enfermés, j’ai décidé de monter un petit groupe pour monter des animations autour de différents jeux vidéo (jeux de simulation, d’arcade ou FPS, First person shooter). On a créé un discord, une plateforme sur internet qui permet de discuter et de faire vivre les échanges, d’aider les jeunes à penser à autre chose et éviter de rester isolés chez eux. S’il n’y avait pas eu le Covid, je n’aurais jamais eu cette idée. Sans la Tribu de Tachenn, sans toute cette expérience, je serais toujours resté aussi timide. Je n’aurais jamais réussi à faire mon deuil, à me reprendre en main. Je serais toujours là, à rester dans mon coin à ne parler à personne, d’avoir peur du regard des gens, à m’enfermer dans des problèmes personnels. Cette expérience de bénévolat m’a aidé à avoir confiance en moi, à me découvrir. Merci !

Tewen