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Le 18 février 2021

Impacts de la crise sanitaire et réforme des APL : les jeunes cumulent les incertitudes

Dans un contexte de très grande instabilité économique et sociale, le quotidien, et surtout l’avenir des jeunes, est plus incertain que jamais !

Communiqué de presse du 18 février 2021

Nul doute que le Gouvernement a mesuré l’impact sur les jeunes de la crise sanitaire qui sévit depuis près d’un an. A preuve, et à défaut du plan global annoncé par Emmanuel Macron en juillet dernier, les mesures s’enchainent pour les accompagner et faire en sorte qu’ils ne sombrent pas en nombre, matériellement et psychologiquement, pour finalement constituer la génération sacrifiée qu’ils se refusent à devenir. La dernière en date prévoit la création d’une aide de 1 000 euros pour les jeunes actifs (de moins de 25 ans et gagnant moins de 1 400 euros par mois) qui s’installent dans leur premier logement.

Force est pourtant de constater qu’en dépit de tous ses efforts, l’Exécutif continue de sectoriser la jeunesse pour en délaisser une grande part. Il semble ignorer que les 18-25 ans, soit près de 8 millions de personnes et 12 % de la population française, représentent des situations aussi multiples que variées. Et s’il faut saluer le soutien qui est apporté aux étudiants, il faut regretter que ces jeunes actifs restent néanmoins les « parents pauvres » des dispositifs mis en place depuis le début de la pandémie. En intérim, en CDD, en emploi saisonnier, en parcours d’insertion, apprentis, autoentrepreneurs…, ils font, eux aussi, l’épreuve de la précarité et de l’absence cruelle de perspectives. Leur énergie et leur bonne volonté ne les protègent hélas pas de la détresse. Alors que dire de ceux qui sont sans emploi et sans ressources ?!…

Et voilà que le Gouvernement leur impose une peine supplémentaire en réformant les aides au logement. Depuis le 1er janvier 2021 en effet, le calcul de l’APL est basé sur les revenus des 12 derniers mois et non plus sur ceux de l’année N-2, ce qui désavantage significativement les jeunes entrés dans la vie active il y a moins de deux ans. Sa réévaluation tous les 3 mois génère une incertitude supplémentaire sur leurs moyens d’existence et rend bien difficile la mise en route d’un projet de vie.

Aux avant-postes de la situation des jeunes, le mouvement Habitat Jeunes constate en ce début d’année que plus d’un tiers des personnes logées par ses adhérents subissent à ce jour une baisse de leur APL. Les jeunes les plus impactés sont ceux en situation d’emploi : intérimaires, contrats saisonniers, mais aussi CDD et CDI temps plein. Avec des revenus moyens légèrement inférieurs au SMIC, ils perdent en moyenne 150 euros d’APL par mois.

Laurendy, 24 ans, est cuisinier. Au chômage partiel en raison de la fermeture des restaurants, il a perçu 717 et 880 euros ces deux derniers mois, et son APL est passée de 372 à 179 euros.

« Je suis arrivé à la résidence grâce à la Mission Locale. Quand j’y suis arrivé, ça m’a plu, c’était dans mes moyens. Jusqu’à ces baisses d’APL je pouvais payer mon studio sans problème, je gérais mon argent. Je me suis investi dans la résidence car j’aimais ce contact avec les autres jeunes, parler de ce qu’on faisait dans la vie. Je suis devenu leur représentant dans le conseil de Vie sociale. Là depuis que j’ai cette baisse d’APL, ça me met en difficulté, je n’arrive plus à payer mon loyer comme avant. Je suis coincé. Je dois faire les courses et tout, mais je n’ai pas assez, c’est difficile. Avant j’avais aussi les repas compris dans mon boulot mais maintenant je n’ai même plus ça. Je suis allé voir une assistante sociale mais vu que je n’ai pas d’impayé pour le moment, elle ne peut rien faire pour moi. J’aimerais que la situation change, que les APL reviennent comme avant car j’arrivais bien à gérer.»

Laurendy

Le cas de Laurendy ne fait pas exception. Nombreux sont les jeunes logés par le réseau à voir leurs ressources diminuées en raison de la crise et de la baisse de l’APL. Ainsi, Melvin, 22 ans, en contrat professionnel depuis septembre 2019. Ses faibles revenus sont pris en compte tel un salarié et non comme un apprenti. Son APL est passée de 372 à 53 euros. Pour Anaël, en alternance, elle est passée de 372 à 126 euros, et pour Loïc, autoentrepreneur, de 372 à 120 euros.

Autant de situations qui confirment que les jeunes cumulent les incertitudes. Car dans un contexte de très grande instabilité économique et sociale, une aide désormais recalculée tous les trimestres, comme le prévoit la réforme, ne permet aucune visibilité. Comment être certain de pouvoir payer son loyer et se maintenir dans son logement ? Et par voie de conséquence, comment ne pas craindre de devoir renoncer à un projet professionnel ou de formation ?

« Le temps réel de la réforme reflète mal celui des jeunes. Alors que depuis des mois nous appelons le Gouvernement à donner aux jeunes les moyens de leur dignité, par un accès au RSA ou à un revenu universel par exemple, il a rendu leur quotidien, et surtout leur avenir, plus incertain que jamais. Aujourd’hui nous demandons donc un moratoire de cette réforme afin de leur redonner un minimum de perspective. »

Claude Garcera, Président de l’UNHAJ

Contact presse : Alice Dekker – alice@alicedekker-rp.fr – 06 16 58 21 60